Communiqué à l'initiative de Femmes Entraide & Autonomie. Nous vous invitons à signer, de manière individuelle ou en tant qu'association, si vous êtes sensible à la cause des personnes exilées, des femmes, des personnes LGBTQ+, et de toute minorité. N’hésitez pas à partager autour de vous, ou avec d’autres associations !

Ce dimanche 9 juin, le Rassemblement National a réalisé un score historiquement haut aux élections européennes. Suite à l’annonce des résultats, le Président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée Nationale et la tenue d’élections législatives anticipées, le 30 juin et le 7 juillet. Notre crainte : que le Rassemblement National obtienne la majorité absolue des sièges à l’Assemblée, et puisse constituer un gouvernement d’extrême droite. En tant qu’associations de défense des droits des personnes migrantes et individu·es sensibilisé·es à cette cause, nous alertons sur la catastrophe que représenterait un tel gouvernement pour les droits humains et les droits des personnes exilées.
Le Rassemblement National : un parti fondé sur la xénophobie et le nationalisme
Le Front National, ancien nom du Rassemblement National, trouve ses origines dans les années 70. À cette époque en France, les mouvements d’extrême droite sont connus pour leurs propos xénophobes, fascistes, et nationalistes, et pour leurs actes violents. Parmi eux : le mouvement Ordre Nouveau, avec pour projet de faire de la France un État fasciste, au sein duquel tout parti ou syndicat serait interdit. Celui-ci souhaitait unir les différents courants d’extrême droite, derrière un parti à l’apparence plus lisse, capable de faire élire des représentant·es : ainsi est créé le Front National pour l’Unité Française, abrégé en FN, avec Jean-Marie Le Pen à sa tête. Le Rassemblement National puise donc ses racines dans des mouvements néo-fascistes, nationalistes, et xénophobes violents. Il n’a cessé depuis de lisser son image, mais toujours en portant les mêmes idées haineuses et racistes. En France comme en Europe, nous devons nous positionner politiquement loin de toutes les personnes qui portent de telles idées.
Un parti contre les droits des personnes migrantes
Les programmes du Rassemblement National aux élections Présidentielles de 2022 puis aux élections Européennes de 2024 illustrent un rejet des personnes migrantes et un racisme qui ne tait pas son nom. L’idée principale : la "préférence nationale", qui réserverait l'accès aux aides sociales, mais aussi aux emplois, aux Français.es. Le RN défend par ailleurs le renvoi des "migrant·es illégaux" lorsqu'ils et elles arrivent aux frontières de l'Europe, ce qui est contraire au droit des exilé·es à demander l’asile en Europe, mais aussi la mise en place de contrôles au sein de l'espace Schengen, l'arrêt des subventions des ONG qui défendent les droits des personnes migrantes, et l'arrêt du regroupement familial, entre autres. Dans une France gouvernée par le Rassemblement National, les personnes migrantes se retrouveraient dans une situation d'insécurité constante. Par ailleurs, le Rassemblement National a constamment bloqué toute initiative législative ayant pour but de permettre la protection des personnes migrantes : le parti a notamment voté contre une meilleure prise en charge des réfugié·es au sein des Etats membres européens, contre la solidarité des États dans l’accueil des demandeurs et demandeuses d’asile, et contre la condamnation ferme de “toutes les formes de racisme, de haine et de violence », ainsi que « le suprémacisme blanc sous toutes ses formes”. Surtout, la Loi Asile et Immigration de Gérald Darmanin a repris le projet du RN dans sa quasi-totalité, pour accentuer la répression, s’attaquer au droit d’asile, au droit du sol, aux étranger·es malades, aux étudiant·es non européen·nes, au regroupement familial, et au versement des prestations et aides sociales.
Le RN ne défend pas les droits des Français.es
Pas un point du programme du Rassemblement National aux élections européennes ne défend les droits des femmes. Le mot “femme” n’apparaît dans aucune mesure proposée par le programme du RN aux élections présidentielles de 2022, sauf pour évoquer la natalité : le RN ne se préoccupe pas de l’égalité salariale, ni du harcèlement au travail, mais voit les femmes uniquement comme des utérus qui doivent assurer l’accroissement démographique de la France. Quand le RN s’exprime sur les crimes sexuels, c’est pour stigmatiser les hommes d’apparence étrangère, qui seraient coupables de la majorité de ces crimes selon le parti. D’ailleurs, au sein du Parlement Européen comme au sein de l’Assemblée Nationale, le parti s’est opposé à toute avancée pour les droits des femmes : il s’est exprimé contre l’adhésion de l’Union Européenne à la Convention d’Istanbul qui lutte contre les violences faites aux femmes et les violences domestiques, contre une résolution sur les écarts de salaires entre les femmes et les hommes, contre le fait de faciliter l’accès à la contraception et à l’avortement, contre une résolution condamnant la Pologne pour sa quasi-interdiction de l’avortement, et contre l’augmentation des quotas de femmes pour les postes à responsabilité dans la fonction publique. Aucune mention non plus des droits des personnes LGBTQ+ dans les programmes du Rassemblement National ! Le parti s’est notamment opposé à l’égalité des droits entre couples homosexuels et hétérosexuels partout dans l’Union Européenne, s’est abstenu sur une résolution visant à inscrire l’homophobie et la transphobie comme crimes de haine au niveau européen, et contre la promotion de la Procréation Médicalement Assistée (PMA) sans discrimination. Le Rassemblement National ne défend donc pas les droits des femmes et des minorités de genre et sexuelles, qu’elles soient françaises ou étrangères.
Enfin, le Rassemblement National ne défend pas dans les faits les droits des travailleur·euses. Le parti a voté contre un amendement européen sur les emplois des jeunes après la pandémie, qui prévoyait une interdiction des stages et apprentissages non rémunérés, pour l'interdiction pour les salariés d'obtenir une rupture conventionnelle en cas de forte dégradation de leurs conditions de travail pour sauvegarder leur santé et leur sécurité, pour l’interdiction aux salariés en CDD qui refusent un CDI d'obtenir le chômage, et pour l’instauration d’un minimum de 15 heures d’activité pour bénéficier du RSA.
Ainsi, nous dénonçons les idées mortifères du Rassemblement National et de l’extrême droite, et appelons à l’union des forces, et à une mobilisation large et puissante. L’heure est aujourd’hui au sursaut démocratique, pour contrer la montée de l’extrême droite et protéger les droits humains et ceux des personnes exilées. Il nous faut lutter pour que la Déclaration des Droits de l’Homme soit considérée comme un trésor non négociable, pour reconnaître l'égalité de genre et la nécessité de lutter contre les violences de genre, et considérer la xénophobie et la discrimination comme des plaies contraires au savoir-vivre ensemble, à la démocratie et à la paix.

Notre tribune a été publiée dans l'Humanité !
Signataires :
200 personnes individuelles : militant·es, salarié·es, enseignant·es, éducateur·ices, étudiant·es, avocat·es...
Collectifs et associations :
Federation GAMS
FEMMES DE LA TERRE
Excision, parlons-en !
Association Espoirs et Combats de femmes
Watizat
Réfugiés Bienvenue
Réparons l’excision
Utopia 56 Paris
Assemblée féministe Paris Banlieues
Les Inverti·es
Queer Education
Association L.I.R.E LE LIVRE POUR L'INSERTION ET LE REFUS DE L'EXCLUSION
Solidaires Informatique
NOUR
Yoga and Sport With Refugees
Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France
Le C.A.C.I.S (Centre Accueil Consultation Information Sexualité)
ASSOCIATION CAUSONS
Citoyenneté Possible
MAG Jeunes LGBT+
Collectif Nta Rajel? Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie. Gen•Club
Rajfire
SOS AFRICAINES EN DANGER
STOP AUX VIOLENCES D'ETAT
Fraternité africaine
Association Chance et Protection Pour Toutes
Association LABOmatique
Mission droits des femmes ville de St Denis
Héro•ïnes 95
Archipelia
Association Féminicêtre
PEPS (Pour une Écologie Populaire et Sociale)
Union étudiante
MUSO DAMBÉ
AFROGAMEUSES
Les Mariannes Anonymes
AER
The Feminist Society
Collectif Union
ATTO
Amnesty Reims
Reims Autodéfense Populaire (RAP)
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